Ils portent leur film
Stéphane Demoustier
S’engager dans sa passion
En ce lundi d’ouverture, c’est Stéphane Demoustier qui a essuyé les plâtres de la compétition avec son film, « Terre battue ». C’était aussi la première projection de son premier long métrage. Cela fait un peu beaucoup. « J’ai un peu le trac, confie Stéphane. Mais je suis surtout impatient d’avoir des retours des spectateurs, que je sache ce qui fonctionne. Et même ce qui ne fonctionne pas. C’est un peu tard mais cela va me servir pour la suite ».
Pour ce Lillois de 37 ans installé à Paris c’est un début d’aboutissement alors qu’il est venu au cinéma un peu sur le tard selon ses dires. Après des études à Sciences Po et HEC, il a travaillé au Ministère de la culture. C’est de là que tout est parti de manière inattendue. « J’étais sous les ordres de la directrice de l’architecture, se souvient-il. Et j’ai été frappé de la voir travailler avec enthousiasme dans sa passion qui était l’architecture. Je me suis dit : il faut que je m’engage aussi fort dans ma passion et ce ne pouvait être que le cinéma. J’étais presque tous les jours dans les salles obscures ».
Stéphane n’a pas tergiversé. Avec deux amis qui avaient aussi des envies de réalisations il a monté une boîte de production. « C’était le meilleur moyen pour financer mes débuts en courts métrages, dit Stéphane. Pour tout le reste j’ai tout appris sur le tas. Avec un petit avantage : ma sœur est actrice. J’avais la compréhension de l’acteur. C’était ma porte d’entrée, ma légitimité. En plus le cinéma est un art où il y a beaucoup de technique mais qui n’est pas technique en soi. On peut s’appuyer sur tellement de techniciens. En plus c’est un art tellement jeune et totalement en devenir… »
« En plus, poursuit Stéphane, le risque n’est pas grand. Et dès que ça marche un peu c’est du pur bonheur ». Et pour lui cela a bien débuté. Depuis 2009 il a réalisé quatre courts métrages qui ont été sélectionnés et primés dans plusieurs festivals. Il est également l’auteur d’un documentaire. « Des courts ont été diffusés sur diverses chaînes de télévision, précise Stéphane. C’est encourageant de voir que les courts métrages ont une vie. C’est en tout cas la meilleure manière de mettre le pied à l’étrier. Au fil de ces réalisations mon regard s’est aiguisé… »
Le long est venu assez rapidement selon lui. « Deux ans entre l’écriture et la réalisation, en cette matière c’est court ». Et Stéphane a déjà attaqué l’écriture d’un autre scénario. Mais pour l’heure, c’est « Terre battue » un film autour du tennis et de la réussite sportive. « Enfant je jouais au tennis. J’adorais le sport en général, dit-il. J’ai grandi dedans et c’est là que je me suis constitué ». Mais c’est un fait divers qui a sous-tendu sa réflexion. A Dax dans les Landes un père avait empoisonné un gamin adversaire de son fils. La quête de la réussite à tout prix prend parfois des chemins scabreux…